Quelques mois après avoir écrit le texte qui suit, un événement s’est produit qui fait prendre tout son sens à cet article. Je ne résiste pas à vous en faire part. Je dormais dans un endroit dont les énergies étaient particulièrement basses avec ma nièce de 8 ans. Nous dormions dans le même lit et elle voulait que je lui tienne la main parce qu’elle avait peur. Croyant la rassurer, je lui ai dit: “Ne t’en fais pas, je te protège”. Elle m’a répondu: “De quoi tu me protèges ?”:
Moi : Non, rien. Il n’y a rien, j’ai dit ça comme ça.
Elle : Mais t’as dit “je te protège”, ça veut dire qu’il y a quelque chose. C’est quoi…
Pour faire court, j’ai eu les plus grandes peines du monde à effacer ce que je venais de dire. Et oui, du haut de ses 8 ans, elle avait parfaitement raison…
II y a peu, j’ai discuté avec un ami qui revenait d’un stage de développement des capacités spirituelles, guérison, etc… Il m’a expliqué que la personne qui offrait ce stage a énormément insisté sur les protections, le bas astral, l’ombre avec force de détails et m’a demandé pourquoi je n’en parle pas.
La première raison est que j’ai conscience que ce vers quoi ma pensée se dirige devient ma réalité. Si je cherche à me protéger, c’est que je vis dans un monde où je laisse entrer la peur. La peur, étant une énergie de fréquence très basse, entre en résonance avec les énergies équivalentes. Les décisions prises basées sur la peur sont souvent inefficaces, non alignées et engendrent davantage d’expériences nécessitant de la protection. Cela devient un cercle vicieux. La peur reflète la peur, la peur engendre la peur. La meilleure forme de protection reste pour moi de vibrer aux fréquences élevées que sont la joie, l’amour, le rire, le partage, la confiance, la foi… Toute ma pratique spirituelle tend à cela. Lorsque je m’en éloigne, j’utilise tout ce que je connais pour y revenir. La peur n’est pas une qualité spirituelle, pourquoi alors l’enseigner dans ce genre de stages. Pourquoi ne pas enseigner plutôt la compassion, l’acceptation pour tout ce qui est sans porter de jugement ce sur qui est. Pourquoi ne pas enseigner l’élévation de l’esprit, la beauté, la générosité, l’Unité. Si nous voyons des ennemis dans le monde spirituel, nous les voyons dans le monde de la matière. Nous faisons le jeu de la séparation, de l’ego, de « moi je suis meilleur que l’autre ; moi je suis dans la Lumière et pas toi ; je crois à la croyance qu’il existe quelque chose en dehors du Un. »
La deuxième raison pour laquelle je ne cherche pas à me protéger est que j’aime savoir où j’en suis, j’aime regarder ma réalité en face. Si un jour j’entre en résonance avec quelque chose ou quelqu’un, visible ou invisible dont j’estime les fréquences basses, cela signifie – dans ma conception de la spiritualité – que quelque chose en moi vibre aux mêmes fréquences. En effet, seules les énergies de même fréquence se reconnaissent entre elles. Certes, je pourrais me raconter des histoires et me dire que quelque chose ou quelqu’un me veut du mal parce que je suis dans la Lumière, parce qu’«on » veut m’arrêter, parce qu’il existe des forces du mal, parce que je suis une victime… Oui, je pourrais, mais cela n’offre aucun intérêt dans mon univers. Je préfère travailler sur mes émotions de faibles vibrations (peur, colère, envie, tristesse…) lorsque j’en ai plutôt que de me raconter des histoires sur les raisons pour lesquelles telle ou telle chose m’arrive.
Je n’ai pas envie de croire en une spiritualité basée sur la peur et le besoin de protection. Ma spiritualité ne laisse pas vraiment de place à quoi que ce soit en dehors de moi dans l’expérience que j’ai du monde. Si quelque chose de négatif survient dans ma vie, je me tourne vers moi et je me pose ces questions : la chose que je juge négative l’est-elle vraiment ?, si la réponse est non, j’observe ce que cette expérience m’a apporté et je me rends souvent compte qu’elle m’a fait grandir. Si la réponse est positive, je cherche en moi les pensées erronées qui ont engendré ce qui ne me convient pas et je change tout simplement de pensée.
Parfois, j’ai réellement du mal à comprendre le discours de certains enseignants spirituels. On me dit que tout est Un mais en même temps, il y a le mauvais et le bon, le bien et le mal. On me dit que Dieu est en tout mais certaines choses en sont dépourvues. Au risque de choquer certains, c’est pour moi une spiritualité archaïque dans laquelle on en est encore à avoir peur que le Ciel nous tombe sur la tête, où on croit au châtiment divin, où l’on croit que l’on doit combattre des forces maléfiques.
Nous vivons dans le monde de la dualité, le « bien » et le « mal » font partie intégrante de notre expérience « évolutionnelle », vouloir l’un sans l’autre n’a pas grand sens.
Lorsque nous prenons part à l’environnement de peur dans lequel la télévision, les journaux, les conversations, nous plongent sans discontinuer, nous ne rendons pas service au monde. Je crois que le rôle de ceux qui s’intéressent à la spiritualité, de ceux qui l’enseignent est de rendre le monde meilleur. En quoi alimenter la peur rend le monde meilleur ?
Je ne me protège pas, je suis une personne consciente qu’une joie profonde l’habite et qui n’a de cesse que de vouloir la partager avec le plus grand nombre possible. Aujourd’hui, j’ai participé à un déjeuner protocolaire où il était question de tout ce qui va mal dans ce monde. Chacun son rôle, le mien, en tant qu’être ayant décidé de faire de la spiritualité sa raison d’être, est de montrer, vibrer tout ce qui va bien dans ce monde. Alors c’est ce que j’ai fait.
Je ne me protège pas, tout simplement parce que je ne crois pas au mal. Je crois aux pensées erronées. Lorsque j’interroge mes pensées, je découvre TOUJOURS que ce sont elles qui ont engendré mes expériences et surtout ce que je perçois du monde.
Je ne me protège pas alors je ne parle pas de protection durant mes ateliers et aucune des merveilleuses personnes qui y assistent n’en émet le besoin.
Je ne me protège pas, cela ne signifie pas que rien de « mal » ne m’arrive, cela veut dire simplement que je suis d’accord pour accueillir toutes les expériences que la vie veut bien m’offrir. Parfois, cela me prend du temps pour entrer dans l’acceptation, dans la compréhension, mais je sais que la seconde où je cherche à lutter, j’engendre la guerre en moi et dans le monde.
Je ne me protège pas, j’aime trop la vie et le monde pour cela.