L’ego est celui par lequel Notre Soi supérieur / Source fait l’expérience de la séparation, dans le but, schématisons-le ainsi, de se connaître, de faire l’expérience de lui-même.
Le Soi Supérieur est la partie éternelle de Nous, la partie qui vit dans l’Unité, dans le Tout. Il communique avec nous par biais de l’Intuition.
L’ego est celui qui perçoit l’autre comme différent et en l’occurrence, comme potentiellement dangereux et qui pourrait nous prendre quelque chose.
Le Soi Supérieur ne perçoit en l’autre que lui-même en train de se donner une nouvelle information depuis une autre perspective.
Prenons l’exemple d’une personne que nous appellerons Jeanne. Jeanne est harcelée par son patron, il l’humilie, lui en demande plus qu’aux autres, lui impose ses jours de congés… l’ego percevra ce patron comme un ennemi, celui contre lequel il faut se battre ou celui dont il faut se protéger à tout prix. Alors que du point de vue du Soi Supérieur, Jeanne et son patron permettent à la Source de faire l’expérience du pouvoir personnel ou du libre-arbitre ou du dépassement de soi… Il s’agit d’une seule et même expérience vue depuis deux perspectives différentes.
Là où l’ego lui dira « il faut que ce patron parte, il faut que tu changes d’emploi, tu n’es qu’une moins que rien pour te mettre dans des situations pareilles, pour te laisser faire, il faut que tu ailles te faire soigner, il faut que répare ton karma… », le Soi Supérieur, si elle sait l’entendre, la guidera d’expériences en expériences vers son essence véritable, vers son Identité spirituelle dans cette densité.
A la naissance, l’enfant n’a pas conscience de la séparation, de soi et des autres. Petit à petit, il apprend à se définir grâce à ses parents. Il se forge une idée de lui-même à travers ce que ses parents pensent de lui, disent de lui, attendent de lui. Comme je l’écris dans l’article « qui est ce je qui s’exprime quand nous parlons », le je/ego, qui croit penser par lui-même, n’est qu’une collection d’images récoltées depuis l’enfance au gré des jugements des uns et des autres sur lui. L’enfant s’identifiera à ces images et croira qu’il ne peut les décoller de son expérience physique.
L’ego existe pour jouer le rôle de séparateur. C’est l’ego qui me permet de faire la différence entre moi et l’autre, entre moi et l’ordinateur sur lequel j’écris, entre le rouge et le vert, entre le Ciel et la Terre. Son rôle est essentiel puisque c’est à travers lui que le Soi véritable, le soi Source s’expérimente, se connaît, se rencontre.
Ainsi l’ego n’est pas l’ennemi à abattre mais plutôt un outil d’apprentissage, un outil de compréhension. Le problème n’est donc pas l’ego en lui-même mais le fait que nous lui avons donné les rennes de nos vies. Lorsque nous expérimentons le contraste, les défis de la vie, c’est vers lui que nous nous tournons pour obtenir des réponses plutôt que vers notre Source.
A l’image de notre corps physique, l’existence de l’ego est limitée dans le temps. Il a donc un immense sens de l’auto préservation. Chaque expérience de contraste, chaque expérience différente de celle à laquelle il s’attendait, est vécue comme une atteinte à son intégrité, à sa vie. Cela engendre de la peur, il s’accroche d’avantage à l’identité qu’on lui a forgé dans l’enfance.
Ainsi, les réponses qu’il nous donnera seront toujours basées sur la séparation, le jugement de soi ou des autres, l’accusation, la victimisation, le rejet, la dette (on récolte ce qu’on sème, loi du karma…), la peur… Il nous donnera des solutions fermées, à court terme, des solutions envisageables, prévisibles, chiffrables, mesurables.
Le Soi véritable nous donnera des réponses basées sur la compréhension profonde de ce que nous sommes en train de vivre puis ouvrira sur des solutions créatives, nouvelles. L’autre n’est pas vu comme l’ennemi mais celui grâce auquel nous apprenons, nous grandissons spirituellement, celui qui nous mène vers l’éveil.
Le Soi véritable se sait éternel, il ne comprend pas le concept de début ou de fin. Ce que l’ego perçoit comme souffrance, comme négatif, douleur, peur…, lui le voit comme un outil d’expérience. Du point de vue du Soi, la souffrance est partie intégrante du chemin puisqu’il l’envisage comme simple contraste. Il ne lui donne pas la définition de souffrance.
Nombre sont ceux qui cessent de faire confiance à leur intuition car ils pensent que le Soi Supérieur ne peut les mener que vers de belles expériences, vers le partenaire idéal ou le travail parfait. Et ils se disent que s’ils vivent une expérience négative, c’est parce qu’ils ne savent pas écouter l’intuition. Mais ce que veut le Soi Supérieur, c’est expérimenter. Oui, l’intuition peut tout à fait nous guider vers des expériences douloureuses, non pour que nous y stagnions mais parce que ces expériences occasionnent de profondes prises de conscience, des changements radicaux quand nous sortons des désirs de l’ego-peur pour entrer dans le monde de la Conscience.
Imaginons que Irène (pourquoi les prénoms qui me viennent à l’esprit sont d’un autre siècle ?) se demande si elle doit entamer une relation avec le beau brun ténébreux qui vit en face de chez elle. L’ego pourra lui dire : fais attention, ce que tu veux, c’est une relation durable, des enfants, cet homme te fera souffrir, il n’est pas bon pour toi, tu n’es pas assez jolie pour lui, il te laissera tomber, tu es trop bien pour lui. Le Soi Supérieur lui dira : fonce, expérimente, et sera tout excité à l’idée de cette nouvelle aventure. Peut-être en effet, que ce beau brun ténébreux lui fera de belles promesses d’une vie pleine d’amour et la quittera au moment où elle s’y attend le moins, la laissant dévastée, pleine d’incompréhension, seule… Mais sans aucun doute, cette expérience l’éveillera à une dimension d’elle qu’elle ne soupçonnait pas encore, à plus de profondeur, plus de nouveaux désirs, la préparera à une nouvelle expérience… Le Soi ne recherche pas la sécurité, les situations stagnantes, l’assurance d’un « pour la vie ». Ce sont des besoins de l’ego.
Si nous attendons des messages de guidance vers la sécurité, nous pourrons nous diriger vers l’ego mais c’est la promesse d’une vie sans saveur, sans évolution spirituelle, liée uniquement au monde de la matière.
Si nous attendons des messages qui nous guident vers une vie excitante, riche, amusante, nous ferons alors confiance à notre intuition.
Je ne suis pas en train de dire que l’intuition nous guidera toujours vers des expériences de douleur, loin de là. Mais elle choisira le chemin le plus court pour répondre aux désirs ardents de notre âme.
Lorsque nous nous jetons à corps perdu dans une expérience en étant persuadés que nous avons été guidés par l’Esprit, la Conscience et que le résultat attendu n’est pas celui de la béatitude, de la joie, nous pensons alors : « je me suis plantée, ce n’était pas mon Être Supérieur, ce n’était pas mon intuition ». Rien n’est plus faux. Tant que nous n’avons pas interrogé notre intuition pour comprendre le but de cette expérience, nous ne pouvons tirer de telles conclusions.
Trop souvent, nous nous faisons une idée précise de la façon dont nous accéderons au bonheur : un mari, une épouse, des enfants, un travail épanouissant, une belle maison, telle somme sur notre compte en banque, des amis sur lesquels nous pouvons compter…
Mais il s’agit de données basées sur notre culture, notre éducation. Et si notre âme nous faisait une autre proposition, beaucoup plus gratifiante, enrichissante, à des années lumières de ce à quoi nous nous attendons tout simplement parce que ce n’est pas dans notre champs d’expériences.
La promesse de suivre notre intuition est que, même si nous nous sentons parfois malmenés par la vie, elle nous guidera invariablement vers des expériences inattendues, excitantes, vers ce qui nous rend véritablement heureux – Nous, pas nos voisins, pas nos parents, pas les personnages de films ou de pubs.
Si je n’avais suivi mon intuition, aurais-je vécu 1/100e de ce que j’ai vécu ?