À la naissance, nous n’avons pas d’identité. Nous sommes des êtres purement instinctifs exprimant ce que nous ressentons exactement comme nous le ressentons sans les filtres, interdits, présupposés, jugements, attentes… qui formeront un jour ce que nous appelons la personnalité. Le bébé pourra exprimer ses peurs, angoisses et autres émotions héritées de sa mère lors de la grossesse par des pleurs, des cris, en ne dormant ou mangeant pas. Il laissera libre cours à son bien-être par de grands éclats de rire… Il expérimente le monde à travers ses ressentis, ses émotions et non par le biais d’une quelconque mentalisation. Bébés, nous sommes plus proches de nous-mêmes qu’à n’importe quel autre moment de notre existence.
Nos parents nous donnent un prénom qui contient une vibration particulière et participe aux prémices de l’élaboration d’une personnalité. Petit à petit, nous nous identifions à travers l’image que nos parents, enseignants, ont de nous et surtout d’eux-mêmes.
Si nos parents décident que nous ne sommes pas sages lorsque nous pleurons pour avoir un jouet, alors nous enregistrons que nous ne sommes pas sages. S’ils nous serinent que nous sommes beaux, laids, intelligents, stupides, fragiles… alors nous nous présenterons au monde avec ces caractéristiques.
Un jour, ce « je » qui parle n’a plus grand-chose à voir avec nous mais tout à voir avec nos parents, notre éducation, nos lectures, notre environnement. Ce « je » qui croit penser de lui-même n’est qu’une collection d’images qu’on lui a collé.
Nous perdons contact avec notre réalité, nous perdons contact avec nos émotions.
Lors de mes ateliers ou consultations, je rencontre tant de personnes qui me disent ne pas savoir ce qu’elles ressentent réellement. Leur monde est envisagé à travers ce qu’elles croient voir, entendre, ce qu’on leur a appris, ce qui devrait être et qui n’est pas…
Mais jamais elles ne se posent cette simple question « comment je me sens ? ». Ce « je » qui ressent est le « je » qui permet une véritable connexion avec votre être supérieur, intérieur (ou quel que soi le nom que vous souhaitiez lui donner.)
L’un des dialogues que j’ai régulièrement est le suivant :
Moi : comment tu te sens ?
X : je pense que me je sens..
Moi : ne pense pas, ressens, qu’est-ce que tu ressens ?
S’entame alors un voyage dans le corps, dans le ressenti, le vrai, non celui qui passe par le mental dont le rôle de protecteur est de désamorcer la charge émotionnelle afin qu’elle ne soit pas ressentie violemment par le corps, qui provoque parfois de grandes révélations.
Lorsque vous dites « je pense que je ressens », lorsque vous réfléchissez à ce que vous ressentez, vous n’êtes pas dans vos émotions, dans le vrai « je » mais plutôt dans quelque chose qui pourrait ressembler à « Pour une expérience comme celle que je vis, j’ai appris que la bonne émotion devrait être…, mes parents pensent qu’il serait bon que je ressente ceci ou cela, mes amis pensent que… »
Et dès lors, la véritable souffrance ne provient pas de l’émotion ressentie mais de la résistance à celle-ci, de sa non reconnaissance, de la déconnexion totale ou partielle de son soi véritable.
Car le « je » qui s’exprime n’est en aucun cas votre « je ». C’est un « je » préfabriqué, emprunté, si éloigné de vous que vous passez votre vie à essayer de vivre la vie d’un ensemble d’idées, d’un ensemble de personnes qui ne sont pas vous.
Le premier pas vers l’apprivoisement de votre « je » est de vous demander ce que vous ressentez et de répondre à cette question en commençant vos phrases par « je ressens que ». Ce « je » deviendra peu à peu le vôtre et vous reconnectera à votre guidance intérieure, divine.
Vos émotions, aussi douloureuses soient-elles, ne sont pas vos ennemies. Elles sont votre boussole en ce monde : j’expérimente la frustration, la colère, la tristesse, l’apathie… alors je m’éloigne de mon chemin de vie. J’expérimente la joie, le bien-être, le repos intérieur, le calme… alors je me rapproche de mon chemin de vie.
Vos émotions négatives ne doivent pas être combattues mais au contraire reconnues afin que vous puissiez comprendre que vous avez besoin de vous arrêter pour réévaluer la situation. Comme je le dis et l’écris souvent, nous vivons dans un monde de contrastes qui nous permet d’expérimenter « l’invoulu » pour comprendre notre « voulu ». Nous ne pouvons parvenir à notre voulu que le jour où nous parvenons à laisser le vrai « je » s’exprimer.