Quand la montagne m’enseigne : un pas à la fois
Ce matin, j’ai décidé de partir seule en randonnée. J’ai choisi la destination et me suis attelée pour le périple. On m’avait prévenue, le chemin fut âpre, long, parfois dangereux. Je n’ai rencontré âme qui vive tant le chemin que j’ai pris est réputé escarpé.
Après une marche qui m’a semblé déraisonnablement longue par rapport à ce que j’avais estimé, je me suis arrêtée pour me demander si je ne m’étais pas trompée de direction. Peut-être devais-je faire demi-tour et prendre un autre chemin ?
Je décidai tout de même de continuer encore un peu. Pas plus de quelques minutes me disais-je.
Seulement deux minutes sont passées que je me retrouvais déjà devant le lieu vers lequel je me dirigeais ! Je ne pus m’empêcher de me demander combien de fois j’avais fais cela dans ma vie : abandonner deux minutes avant le point d’arrivée parce que j’avais perdu la foi, laissé la voix, si persuasive parfois, du doute me détourner de mon but.
En arrivant devant le lieu, je me suis rendue compte que ce n’était pas sa vue qui me mettais en joie mais le trajet parcouru. J’étais fière d’avoir traversé les obstacles. A l’instant précis où j’écris, c’est le chemin qui me laisse un souvenir profond et agréable. Je me suis dépassée, j’ai dépassé ma peur, la solitude, la fatigue.
A présent, en me repassant le film de cette journée, un sourire se dessine sur mon visage : je m’aperçois à quel point la vie a disposé, juste pour moi, tout ce dont j’avais besoin pour réussir : lorsque je n’avais aucune prise, une branche apparaissait et me servait de guide, un pierre solidement ancrée m’aidait à gravir un endroit trop pentu, le sol me retenait lorsque je tombais. Pas un instant la vie n’a failli à m’aider dans mon entreprise. Tous mes besoins ont été comblés.
Aujourd’hui, j’ai donc réappris à ne pas abandonner deux minutes avant le point d’arrivée. J’ai appris que je dois me délecter de chaque instant entre le début de chaque nouveau parcours de vie et l’arrivée, aussi difficile, laborieuse et éprouvante soit la route qui me mène au but que je me suis fixé.
Puis, j’ai surtout observé que la vie me soutient toujours si je veux bien voir ce qu’elle m’offre plutôt que ce qui me manque, si je veux bien comprendre qu’elle m’aime profondément et n’a d’autres désirs que de combler les miens. Dans son immense douceur pour moi, elle me présente tout ce dont j’ai besoin pour avancer un pas après l’autre car elle sait, elle, que c’est le chemin qui compte et non le but. Mais souvent nous oublions que la vie est faite de pas, nous sommes obnubilés par la finalité et faisons perdre à notre vie tout son sens. La vie m’insuffle son désir de se rencontrer à travers moi et m’aide, m’aime, me prend dans ses bras et ensemble nous apprenons. La vie, aujourd’hui encore, m’a remplie de son amour. Indescriptible, incommensurable, infini.