Elsa est venue me voir en consultation il y a quelques jours. C’était la première fois que nous nous rencontrions. Lorsqu’elle s’est assise, je me suis centrée et lui ai demandé ce qui l’amenait à moi. Elle m’a raconté qu’elle est allée voir des dizaines de thérapeutes, certains en Amérique du Sud, d’autres en Inde, mais elle ne trouve pas de solution à son mal-être. Elle a envie d’essayer l’intégration émotionnelle pour changer et être enfin en paix.
Je savais que si je faisais ce qu’elle attendait de moi, je ne serais qu’un énième thérapeute sur ce chemin qui paraissait sans fin.
Pendant qu’elle parlait de son désir de changement, j’observais ses vibrations. La fréquence de son énergie a littéralement chuté entre le moment où nous nous sommes dit bonjour et le moment où elle avait fini de parler.
C’est un phénomène que j’observe chez tout le monde. Dès qu’une personne me dit qu’elle veut guérir, changer, se réparer, s’accepter… je ne peux que constater une chute vibratoire qui me laissait perplexe avant que j’en comprenne la raison.
Nous avons tous grandi dans un environnement qui nous a appris que certains comportements sont valables et d’autres non, certaines émotions sont acceptables et d’autres non. L’enfant que nous avons été a enregistré que s’il se comporte « mal » il ne sera pas validé, accepté par sa famille et s’il se comporte « bien », il recevra de l’amour ou au moins ne sera pas rejeté ou abandonné…
Enfants, nous dépendons totalement des adultes qui sont en charge de nous élever, de nous nourrir, de nous éduquer, de nous habiller… et, en tant qu’humains, notre cerveau a été conçu pour dépendre du groupe dans lequel nous vivons, il est donc essentiel, primordial d’être accepté par ce groupe pour survivre. Que faisons-nous alors : nous éliminons purement et simplement tous les aspects de nous qui ne sont pas acceptés par notre cellule familiale. Les émotions et les comportements non validés par le groupe deviennent des ennemis puisqu’ils nous mettent en danger de mort si nous les conservons.
Chaque fois qu’une partie de nous est invalidée, nous nous fragmentons davantage, les aspects de nous rejetés deviennent notre subconscient et nous apprenons à vivre à partir de l’image que nous avons enregistrée comme acceptable pour nos parents. Nous présentons au monde une pièce du puzzle que nous sommes et tentons de garder les autres pièces dans leur boîte en espérant pouvoir vivre une vie harmonieuse sans la majeure partie de nous-même. C’est bien évidemment voué à l’échec.
Les fragments enfouis dans le subconscient refont surface en permanence afin que nous les intégrions mais notre cerveau a enregistré que ce sont des parties qui nous feront souffrir si nous les exposons au monde, si nous les incluons dans notre personnalité car nous perdrons l’amour, nous serons abandonnés ou rejetés. Et c’est à ce moment que nous entamons notre « travail sur nous », notre travail de guérison émotionnelle.
Nous souffrons, nous allons donc voir un thérapeute pour ne plus souffrir. Cela paraît la chose sage et nécessaire à faire et pourtant…
Chaque fois que nous allons voir un thérapeute ou un enseignant spirituel dans l’espoir qu’il nous permette de changer quelque chose en nous, de nous sentir mieux, de guérir, de vivre harmonieusement… nous envoyons en réalité le message suivant : « je ne t’aime pas tel que tu es, j’ai besoin que tu changes pour t’aimer, j’ai besoin que tu guérisses, je ne t’accepte pas lorsque tu souffres, tu es trop ceci, pas assez cela… ». Nous reprenons le rôle de nos parents envers nous-même et nous nous invalidons, nous nous rejetons, nous nous abandonnons, chaque fois que nous éprouvons une émotion inconfortable ou que notre comportement n’est pas conforme avec ce que nous pensons de nous.
Après un travail de guérison, quel qu’il soit, une partie de nous se sent mieux car elle a été entendue, tandis qu’une autre est écrasée car non validée, nous vivons une nouvelle fragmentation qui donnera lieu à nouveau à un besoin de guérison.
L’effet secondaire de tout travail sur soi, de toute guérison émotionnelle est de créer un nouveau besoin de guérison. C’est le cercle vicieux dans lequel vivent ceux qui travaillent à leur évolution spirituelle. Chaque fois qu’ils essaient de réparer un aspect d’eux-mêmes, ils créent en eux une nouvelle fragmentation. Le travail sur eux devient obsessionnel, ils vont de technique en technique, de thérapeute en thérapeute, de stage en stage à la recherche de ce qui les sauvera une fois pour toute. Ils vont merveilleusement bien pendant quelques jours puis retombent dans les affres de leur incontrôlable subconscient.
Et leur obsession devient telle qu’ils commencent à observer les personnes qui les entourent comme des personnes « améliorables », « en état de réparation », « en devenir », ils donnent des conseils sans se rendre compte des dommages qu’ils continuent de perpétuer. Ils ne sont plus capables d’aimer l’autre tel qu’il est, pour ce qu’il est. Ils entrent dans la dynamique « je t’aime mais je t’aimerais davantage si tu étais ainsi, si tu étais moins, si tu étais plus, je t’aime mais je sais que tu serais plus heureux, plus épanoui, si tu changeais tel ou tel aspect de toi ».
Alors que faire, sommes-nous condamnés à aller mal, à ne pas trouver l’harmonie, à souffrir, à travailler sur soi, à rechercher La solution universelle encore et encore ?
Lorsque je commence à travailler avec une personne qui a déjà essayé de nombreuses techniques de guérison émotionnelle, nous jouons à « et si je n’avais rien à changer, si j’étais parfaite telle que je suis dès maintenant, qui serais-je ? que ferais-je ? qui serait mon partenaire ? qui seraient mes amis ? comment serait mon environnement ? Accepterais-je de vivre avec des personnes qui me font sans cesse sentir que je ne suis pas assez, que je dois changer, que j’ai besoin de guérir ? ». Le but de cet exercice est de permettre de regarder sa vie à partir d’une nouvelle perspective. Une perspective qui ne nous a jamais été enseignée, celle de : « avec la conscience que j’ai de moi aujourd’hui, avec les informations que j’ai, je suis parfaite. Si je veux que mon expérience soit différence, comment je peux changer l’expérience et non pas moi ? ».
Au début, je fais face à l’incompréhension. Le fait est qu’enfants, nous n’avons jamais reçu la validation complète et totale du monde adulte, nous n’avons jamais reçu l’amour inconditionnel. Nous avons toujours subi, enduré, avalé des choses qui sont fondamentalement inacceptables : le rejet, l’abandon, l’humiliation… Cette validation est absolument cruciale pour que nous puissions inclure TOUS les aspects de nous dans notre expérience de vie et nous devons apprendre à nous la donner.
Je donne parfois l’exemple du jeune homme homosexuel qui entre pour la première fois chez un thérapeute et qui lui dit « je suis désespéré car je suis homosexuel, j’ai honte, si ma famille l’apprend, je perdrai tout, je serai rejeté, je suis terrifié à cette idée… ». En aucun cas, le thérapeute ne dira à ce jeune homme « travaille sur ta peur du rejet pour aller mieux, change pour aller mieux », il lui apprendra à accueillir et à aimer qui il est, il pourra alors changer d’environnement, aller vers ceux qui l’accepteront exactement tel qu’il est.
Le deuxième exercice que nous faisons est d’entrer en communication avec la partie de soi que nous n’acceptons pas car nous en avons fait un ennemi qui nous empêche de vivre la vie heureuse que nous méritons. Le but étant de comprendre que cette partie ne nous sabote pas, elle a notre intérêt à cœur, elle ne poursuit tout simplement pas les mêmes intérêts que la partie de nous que nous acceptons. Imaginons qu’une personne ait le désir d’écrire un livre mais qu’elle procrastine et remette sans cesse à plus tard son projet. Si elle s’envoie le message qu’elle a un problème à guérir ou à réparer ou à conscientiser ou que sais-je, elle créera davantage de résistance et se fera violence. Elle se fera ce que ses parents lui ont fait lorsqu’ils lui ont appris que certains aspects d’elle ne sont pas acceptables. Alors que si nous interrogions la partie qui procrastine, elle pourrait nous répondre par exemple qu’elle est terrifiée à l’idée d’échouer, par le fait de découvrir qu’elle n’a aucun talent et qu’elle risque d’être rejetée si tel était le cas. Il ne s’agira alors plus de traiter cette partie comme un monstre dont il faut se débarrasser ou qu’il faut absolument guérir. Cette partie a besoin d’être entendue, écoutée et aidée. Ce n’est qu’à ce prix que nous pouvons inclure chaque aspect de soi dans notre vie.
Il nous est primordial de comprendre que nous ne sommes pas un tout, nous sommes faits de multiples facettes que nous présentons au monde à diverses périodes de nos vies, chacune de ces facettes nous représente, chaque fois que nous ne sommes pas d’accord avec l’une d’elle ou que nous laissons une personne extérieure nous dire que cette partie devrait être différente, nous nous condamnons à ne jamais être capable de vivre avec Nous. « Je suis timide, je ne veux plus être timide », « je suis jalouse, il faut que j’arrête d’être jalouse parce que c’est mal », « j’ai besoin d’être admirée mais je dois me défaire de ce besoin parce que c’est mal », « j’ai besoin de sécurité, je dois travailler sur ce besoin car ce n’est pas spirituel » … Ces aspects ont des messages importants à nous communiquer, laissons-les s’exprimer.
Ne nous leurrons pas, toutes les techniques de guérison n’existent que pour une chose : ne plus souffrir. Si nous pensons que quoi que ce soit en nous doit être corrigé pour ne plus souffrir, c’est le début de la guerre en notre sein car c’est la perpétuation de la séparation.
S’aimer c’est dire oui à tout ce qui émerge, non pas pour le corriger mais pour le laisser parler afin de ne pas reproduire ce que nos parents nous ont fait chaque fois qu’ils ont fermé leur cœur à ce qui n’était pas conforme à leurs attentes.
L’intention de tout travail sur soi ne devrait jamais être de vivre plus harmonieusement, d’être plus heureux, de changer quoi que ce soit en soi, de trouver la paix ou de ne plus souffrir. L’intention devrait toujours être de tomber amoureux soi et de de ces parties les plus enfouies de soi et de les laisser nous raconter notre histoire afin de l’offrir au monde.
7 Commentaires. En écrire un nouveau
Je dois absolument faire un travail sur moi-même ! Il faut savoir que je n’ai pas confiance en moi et je n’aime pas. Je veux savoir qui je suis vraiment (je vis dans l’ombre des autres).
Merci Johanna de partager tous tes articles sur le moi profond et de Faire économisé des années de thérapie aux lecteurs…
Car perso à vouloir s’éveiller ,s’élever je perd le fils conducteur dans toute cette mayonnaise spirituelle
Et étant maman je ne desir pas reproduir les mêmes schémas que mes aïeux( meme si l’inconscient le fait)…..
Mais je me dis vaut mieu tard que jamais
Merci à vous
Un grand merci à vous Chère Aurélia de me lire !
Je suis touchée !
Quel plaisir de te relire Johanna, un joli article qui fait du bien..!
Je t’embrasse 💕☀️🌸
Merci
Merci chère Karine !
Comme ça fat du bien de te lire Johanna !!
Merci pour ce bel article qui fait du bien
Je t’embrasse 🌈💕🌞
Merci, it’s so true!!!😘